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(f)lawless. - Sam 30 Juin - 5:48
Carn
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Carn
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Date d'inscription : 17/10/2017

ashîva shadi khodja
sous mon sein, la grenade
prénom, nom ‹ L'argot des dunes ensable ses paraphes — prophéties glanées aux lippes d'une aïeule qui la devina ultime et torve, [ ashîva ], à l'aulne du rictus dont se gerça la lune présidant à la naissance de celle qui donnerait, au nom de [ khodja ], tant de nobles lettres, que d'accents graves. âge ‹ La Corneille a éclipsé les feux des [ quarante-cinq ] bûchers solaires déjà dressés sous ses ailes, sans que son macabre essor n'en souffre de façon manifeste. Le charbon plumaire camoufle pourtant pléthore de morsures ignées. date et lieu de naissance ‹ Aux désordres équinoxiaux de l'an de guerre [ 2120 ], dans les provinces hostiles et reculées de [ desurtiond ]. statut matrimonial ‹ Concubine de myriades, mais [ unie ] à la plus sanguine des chiennes de sa meute, la Louve fait scandale ; et le fait bien. Outrances libertines intrinsèques à sa notoriété, rendues publiques sans autre visée que celle de duper les cancaniers qui, trop occupés à lorgner sur son cul, font fi d'autres intrigues, autrement plus condamnables. sang ‹ On aurait tort de le supposer respectable et policé, désormais qu'on l'a mâtiné [ d'argent ]. Qu'importe son pigment, l'ichor d'un Khodja schlinguera toujours la mort. métier ‹ Femelle [ alpha ] de la horde, magnat du [ crime organisé ], souveraine des voiries et mère de la canaille ; Mama Khodja, elle est tout ça, et pire encore. maître de ‹ Parvati, hybride de [ jade ], carte secrète à sa manche. élément ou don ‹ [ foudre ] de femme au [ feu ] furax, la Matriarche n'a pas attendu la complicité des dieux pour scinder l'atmosphère de ses orageux fracas. Ça n'éberlue donc personne, de les ouïr désormais tonner, ses éréthismes légendaires. allégeance ‹ À son [ empire ], autant qu'à son [ nom ], plus qu'à son sang — traître fluide qui, s'il irriguait de véreux rameaux, aurait tôt fait de s'en aller gorger les caniveaux dont on l'avait drainé. compétences ‹ [ domination // lvl.1 ] — [ vigilance // lvl.1 ] — [ persuasion // lvl.1 ] localisation actuelle ‹ Launondie, [ jhiu n'guri ]. groupe ‹ Dii facientes adiuvent, bénis. avatar et crédits ‹ s. boutella + carnavage.
01 ‹ Forbans des ergs depuis la nuit des temps, les Khodja étaient aux mers de sable ce que les orques sont aux océans ; un gang matriarcal en marge, hostile à l'homme. Animosité nuancée, à l'aulne d'une seule exception : le commerce. En gardienne vigilante des us de son clan, quoique désormais déplacé en jungle urbaine, Ashîva ne tient ainsi pour sacré que le business. Pactes et contrats sont ses seules idoles, et malheur à qui les viole. Mama ne pardonne pas ce blasphème-là, et ses croisades expiatrices font alors autant de martyrs en une nuit que trois mois de Purge. Probité notoire à l'égard du négoce, qu'on ne lui connaît, cependant, en nulle autre circonstance. 02 ‹ C'est qu'elle se fout du monde, Ash. Autant qu'elle s'en méfie. Sous les fards vulgaires de la mère du ghetto, l'enfant du désert embusqué se souvient de ce que les aînés lui ont inculqué. La défiance à l'égard des cités, de leurs hères et de leurs mœurs. Une métèque, c'est ce qu'elle était naguère, sera toujours. Une étrangère qui ne se fie à nuls autres, qu'à ses congénères — encore que. Toutefois depuis les cloaques aux palais, la dégaine chaloupée de l'Outrancière, escortée de ses scandales, cultive un désinvolte et messéant paraître, qui ne trahit rien du malaise inhérent à sa navrante condition de nomade clostrophobe, suffoquant sitôt que l'horizon vient à manquer. 03 ‹ Nervosité de bête en cage dont il lui faut se soulager, sous peine de virer folle. Transgresser les lois, mordre les limites sont autant de façons d'omettre, un temps, la claustration. Sentiment de toute-puissance, de liberté absolue, quoique fugace, quoique pathétique, quoique néfaste, au demeurant. Car tous les mauvais moyens sont bons. Elle en crèvera, de ses abus et excès. Et tant pis. Voilà un foutu bail qu'elle a pigé qu'on ne clamse pas joliment en menant une telle vie. 04 ‹ Destin choisi, du reste, sans que nul surin sous jugulaire ne l'y contraigne. Au décès de sa mère, l'héritière pouvait mettre un terme à ces lubies de conquêtes réprouvées par les anciens, ou au contraire exaucer l'ultime volonté d'Amani Khodja. Achever son œuvre. Guider l'exode des affaires familiales hors des zones arides. Semer les graines, ses propres enfants, ailleurs, là où les opportunités de croître et fleurir seraient les meilleures, au sortir de la grande guerre. C'est sur la seconde option que la nouvelle mama en titre jeta ses jeunes crocs voraces, sans hésiter. Décision qui n'a plus eu de cesse, dès lors, de la hanter. Ce ne sont pas, à dire vrai, des remords qui la dévorent — mais des doutes, en pléthore. 05 ‹ Scrupule à l'endroit de ses oukases d'antan qui concerne, en particuliers, ceux pour lesquels la Louve a jadis disputé un territoire aux gangs en place de Launondie : ses enfants — chair de sa chair, ou non. Car ce sont eux et leurs futurs que  ses desseins d'hier ont éclaboussé. Ce sont eux que la mère-louve craint d'égarer dans les entrailles de la bête, aguicheuse mais féroce, qu'est la capitale. Alors, parce que responsable, parce que mauvaise mère auto-proclamée, elle pardonne beaucoup de faux-pas — trop, selon les dires de sa compagne, moins libérale, quant à l'éducation de la progéniture. Avec Ashîva, ce n'est jamais de leur faute, mais celle d'un autre ; tiers blâmé à tort, lors même que la culpabilité n'accable qu'elle, en tant que cause première de chacun de leurs maux, tourments et désespoirs. 06 ‹ Mansuétude réservée à sa marmaille ; mais la plèbe n'est pas en reste. La mafia, on le sait, est généreuse, protectrice avec les gens de peu. Si les gentillâtres ont tôt fait d'uriner dans leurs soies, à l'évocation du clan des Freux, les gueux n'ont que diatribes dithyrambiques et féales aux lippes. Popularité dont Mama Khodja sait user, à bons ou mauvais escients — comme d'une arme contre ses adversaires, comme d'un atout mis à disposition de ses associés. L'opinion est reine, et malheureux celui qui la fâche. Sa colère, nul ne l'ignore, peut couper des têtes autant qu'elle sait en couronner. Tel est le pouvoir de celui qui l'oriente et la manie. Celui-ci se fout des trônes, n'en convoite pas, s'amuse plutôt à les ébranler. 07 ‹ Quoique la politique, ceci étant, ne soit pas la lice de ses prédilections pugnaces — loin s'en faut. Aux harangues et baratins de démagogue, Ashîva préfère le chant des chairs heurtées et la musique des os éclatés. Dialecte des corps que l'Amazone d'antan comprend et plébiscite par le biais, désormais, de ses arènes illicites. Notoire est sa fascination pour les anatomies sculptées, les gueules balafrées. Ses champions, Mama les récompense ; et pas qu'en les couvrant d'or, du reste. Toutefois, l'intérêt qu'elle leur dédie va et vient tant que la Fortune des victoires sourit. Si celle-ci grimace, alors la dame détourne tant les yeux que les égards, la défaite lui étant indigne. 08 ‹ Des cœurs, que la séduisante rafle et cloue au mur comme des trophées — certains usés, et d'autres encore battants, selon qu'elle les casse, parfois, plus vite qu'elle ne s'en lasse. Ashîva ne s'attache pas, dit-on. C'est vrai, confirme-t-elle, en souriant, lorsque son propre palpitant chiale de n'avoir su trouver ni chaîne à ses fougues, ni antre pour y lécher ses plaies, ni lune à laquelle hurler en idôlatre. Telle est la malédiction d'une Alpha, qui en nul n'a jamais su voir son Oméga. 09 ‹ Pourtant il y a Elle, sa tendrement nommée Sienne. Sabah, si douloureuse Sabah, qui sur sa peau d'or et de safran, porte la marque de leurs amours chiennes. Une femelle naguère promise à son frère, mais Sienne déjà. Sienne, sa gueule hargneuse. Sienne, sa langue vipérine. Siennes, ses dents carnassières. Sienne aussi, sa croupe, quoi que d'accès libre à qui s'y ose. Ashîva s'en fout tant qu'à minuit la Possédée est à la niche, qu'elle-même y soit - ou pas. Mysogine sur les bords, d'aucuns diront, puisqu'Ashîva considère que la place de sa femme est à la maison. Non pas parce que femme, mais parce que chienne de garde, seule âme à qui la parano' confie tout ce qui, au fond, importe : la survie de la portée. 10 ‹ Destins de la meute que Mama questionne, son sempiternel tarot mussé à portée de tirage. Entre ses mains brodées d'arabesques au henné la Fortune est bavarde - pas souvent menteuse. Pactes et pourparlers sont, eux aussi, soumis à la sanction des constellations. Les temps certes ont changé ; pas Ashîva, non. Pas tant que ça...

‹ Décrivez quelle est la position de votre personnage vis-à-vis de la situation politique actuelle. (dissolution de l'empire, purge, couronnement d'adonis griffith, vol de nourriture de saeko yinren pour le peuple)

[ dissolution de l'empire ]
Les frontières, c'est un fait, sont au commerce ce que les lois sont à l'anarchie – une antinomie, autrement dit, une putain de mauvaise nouvelle pour le marché noir d'Aksana, et par conséquence pour sa notable Baronne. Lorsque, naguère, la manutention d'une cargaison de liquoreux importée de Launondie, en direction de l'extrême sud du territoire, nécessitait de soudoyer, tout au plus, de trois à quatre troufions impériaux, c'est aujourd'hui la patte d'une dizaine de leur espèce qu'il faut graisser. Néanmoins, le surcroît de taxes, pesant mêmement sur toutes les foutues canailles du continent, a signé la faillite salutaire de certains concurrents au clan, qui ne disposaient pas de la même latitude financière que ce dernier. D'autre part, à la faveur des noces royales liant les intérêts de la tribu des corbacs à ceux de la dynastie décadente, le transit intra-Flamaerin n'a, quant à lui, jamais été si fructueux et abondant ; le sale blase de Khodja faisant désormais office de laissez-passer, le fret baroude peinard, comme l'eau est passée sous les ponts, rinçant les vieilles hostilités.

[ purge ]
Folie des ères troubles qu'Ashîva n'agrée pas. Certes, la Négociante exploite, comme à son habitude, la fâcheuse conjoncture ; du trafic de clandestins vers Aguarini, à la location de mercenaires voués à protéger les plus fortunés, en passant par le traditionnel maquillage de crimes hors contextes... on ne peut décemment pas prétendre que la situation soit mauvaise pour le commerce. Toutefois, sur le principe – eh oui, même les pourritures en ont –, Mama n'approuve pas. Oh, ce n'est point la sauvagerie de ses contemporains, qui la choque, que le réveil du puritanisme jusque dans ses ruelles. Pas davantage qu'elle ne s'indigne de l'iniquité des persécutions visant parfois rien que des mouflets, mais devant la montée en puissance d'un Vertice qui n'a jamais eu de cesse que de les condamner, elle-même, et tout ce qu'elle représente. Là s'heurtent Oshun et Khodja.

[ couronnement d'adonis griffith ]
Opinion mitigée, à l'égard du fils Griffith, parricide sinon en acte, toutefois en pensée ; les prunelles de ses espions sont braquées sur le trône d'Eartanera, depuis plusieurs mois, et pourtant. Au strict regard du business, la Négociante applaudit, certes, la fin du règne de Thomas... mais pour combien de temps ? Oh, ça n'est un secret pour personne : la dynastie est divisée. Or, sur nulle charpente de bois rongé, la stabilité ne se fonde pour durer... Alors, la Corneille aux milles yeux continue de scruter ; et surtout se garde d'avancer ses pions trop tôt, avant de savoir si les frères ennemis iront, ou non, jusqu'à s'entretuer pour siéger sur un trône aux pieds d'argile.

[ vol de nourriture de saeko yinren pour le peuple ]
C'est mignon, l'a-t-on ouï ironiser, entre deux lampées de vinasse. Cependant, nulles tentatives de la Yinren visant à érafler le portrait de son goujat d'ex-époux, à dire vrai, ne sont en effet méprisées. Qui mieux qu'une garce de Khodja pour juger, à sa juste valeur, de la dangerosité d'une femme outragée, d'une mère aux abois ? Hier encore, d'ailleurs, la Mère des gueux aurait acclamé la ruse ; mais aujourd'hui que le sort de son nom est, à son tour, lié à celui de sa Majesté, la matriarche grince des dents, questionne les astres – et se félicite, en secret, des liaisons dangereuses d'Asghari, punie pour lisser les apparences. Mais marchande avisée, dit l'adage, jamais ne met tous ses œufs dans le même foutu panier... à bons entendeurs.
pseudo et prénom ‹ carnavage âge ‹ d'être ta mère (#innerashîvaspeaking) comment as-tu trouvé le forum? ‹ teh. pays ‹ douce france. fréquence de connexion ‹ 5j7, en moyenne. votre avis sur le forum ‹ on m'force à rester, à me multiplier. parrain ? ‹ / smiley préféré‹ :pardon: gif qui décrit le mieux votre personnage‹
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Carn
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(f)lawless. - Sam 30 Juin - 5:49
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Carn
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carry your fury in your teeth
SPIT AND SPIT AND SPIT IT OUT
C'est moche comme elle crève, Amani. Une sale gangrène n'en finit pas de lui ronger le moignon d'une guibole, et ça fouette, mais surtout ça dure, ça traîne... Tant, qu'au-delà des fétidités sanieuses infectant la tente mortuaire dressée en plein cagnard dès leur rapatriement aux dunes, l'adolescente flaire surtout l'impatience. Pestilence non moins rance, qui se propage dans les rangs silencieux de l'audience, conviée en trombe à la morbide tartuferie, sous prétexte d'honorer bientôt la mémoire d'une créature par eux cent fois maudite. Enfoirés de parasites, réunis tel un bourdonnant essaim de mouches autour du cadavre encore fiévreux de la matriarche, au chevet décomposé de laquelle, ulcérée, sa fille s'est penchée. Pires que la nécrose, pire que l'ignoble puanteur, sont ces cupides charognards, tous plus ou moins par le sang liés, qui ne tarderont pourtant pas, une fois les derniers miasmes d'agonie éructés, à se jeter sur la fraîche pâture, dont ils ont chacun dans l'espoir de croquer les meilleures pièces en premier : l'héritière. Et que diantre lui lègue-t-on de si appétissant ? Rien qu'une poignée de liards, quelques contrats.. Sont-ils donc tous à ce point-là crevards qu'ils s'écharperont pour si peu ? qu'elle rumine, langue tenue entre maxillaires, étanchant pour s'occuper les mains, la sueur aux tempes de la moribonde qui, comme importunée par le vortex de questions bilieuses voltigeant tout près de son lit de mort, arrache calots aux estampilles de ses paupières encroûtées. Si l'anxiété avait un regard, il ressemblerait à cela. Il serait noir, orageux. Comme celui d'Amani, comme le sien aussi, et celui de Nafis – jumeau en retrait, qui opine, et sans autre signal qu'une nutation de sa sœur, congédie alors les fouinards. Car ce qu'une Mama dit en clamsant, seule une autre Mama peut l'entendre ; tel est l'usage. Ainsi toujours ont été léguées les volontés testamentaires des mères Khodja, qui se méfient davantage des gribouillages sur papier que des paroles au vent. Nul n'y déroge, quoique la frustration taquine les nerfs de quelques masséters refoulés au revers des tentures ; et peut-être autant de lames de kandjars, qu'on leur sait escamoter sous pans d'habits traditionnels, si les commandements d'Amani ne sont pas ceux qu'ils sont venus entendre. L'heure, cependant, n'est pas encore à la boucherie – ce temps viendra, on n'en doute pas – et dans le calme sinistre, sous un soleil de plomb, s'évapore pour un moment la cohorte des démons.

C'est d'un soufflet, dont la légataire écope d'abord – et d'un conseil, non moins cinglant. « Cesse. » La dextre décharnée retombe sur les coussins, et l'ombre de matrone se redresse. « Cesse de la leur montrer. » La peur. La foutue peur, qui suinte en effet de chacun de ses pores, quoiqu'un semblant de placidité s'épuise, en vain, à en calfater les fuites honteuses. « J'avais douze ans, quand ma mère est morte, mais je n'avais p— Je ne suis pas toi. » Les prunelles se fuient ; Ashîva se lève, déporte sa terreur malade à l'extrémité du dais, où brasille l'encens, comme pour l'y enfumer. « Pas encore, mais bientôt. » Triste augure que la môme refoule du dos de la main – les deux femmes, que tout sépare si ce n'est l'ichor, dans la pénombre se sourient. Rien qu'un traître éclair de complicité fauchant les gueules de ces louves qui se savent n'avoir nulles pareilles en ce bas-monde. « J'ai cru voir le père de Darius... », reprend la mourante, comme s'il y avait ici cause à effet, sans extorquer à son rejeton davantage qu'un soupire las. Qui dit oui, toutefois. « Ne décline pas son offre une troisième fois, Ashîva. » La dénommée, qui n'exhibe plus aux orbes maternels qu'une roide échine, se verse, sans mot dire, un verre de cet élixir ambré qu'on ne distille qu'ici ; liqueur ardente qu'elle s'enfile d'une traite, et le gosier en feu, gronde sans se retourner : « Je n'ai pas besoin d'un homme, mère. » Alors, par-delà épaule, lui lance-t-elle une œillade indignée. « J'ai besoin... » De quoi, au juste ? tout, sauf d'un homme, sauf d'unir son destin à celui de ce fameux Darius, dont elle ne sait, en somme, qu'une seule chose : qu'il est un citadin, un putain de citadin... et ce songeant, fracasse le cristal à même le bois du guéridon, s'y tranchant la paume. Car elle pige, enfin, et ricane méchamment, portant paluche blessée à ses lèvres furieuses. « ... de sortir du désert », achève Amani, pas le moins du monde perturbée par le mouvement d'humeur de sa progéniture. Envers et contre tous, telle à toujours été l'obsession de la matriarche, honnie de son nom, pour avoir eu l'audace de convoyer son clan sur les sentiers du continent, au mépris des observances. On dit qu'elle en meurt, à présent. Ce n'est pas faux ; à l'abri des ergs, jamais un obus ne lui aurait effleuré le moindre cheveux ; à l'abri des ergs, jamais rien n'advient d'ailleurs, et surtout pas le respect. Chimère qu'elle n'a cessé de pourchasser partout, quitte à y perdre une jambe, et plus encore, à commencer par la confiance de son clan. Ashîva pensait qu'en immolant les lambeaux de sa charogne, ses lubies aussi partiraient en fumée. Sans doute est-ce aussi, du reste, ce que la famille et ses affidés souhaiteront entendre, lorsqu'elle reparaîtra devant eux : que s'éteindront, avec Amani, les flammes de ses inepties. « Tu veux que je gagne pour toi l'estime de ces rats, c'est ça... ? », qu'elle ricane, alors, faisant volte-face, bave purpurine aux commissures d'un rictus dédaigneux ; car elle s'en fout bien, elle, de ce que peut penser, à leur sujet, une tripotée d'hommes ramollis par la sédentarité, . Qu'il se les foutent au cul, leurs précieux égards. « Oh non, mon enfant... », qu'on lui rétorque, doucement. « Non, je te demande de l'arracher avec les dents, s'il le faut.. » Se vautrant derechef dans ses moites étoffes, main tendue en direction de sa fille qui la rejoint et s'en saisit, quoique défiante, la marâtre précise alors sa pensée folle. « N'y vois pas d'orgueil, détrompe-toi.. C'est une question de survie. » Au désarroi succède la curiosité. Un sourcil se fronce et incite à de plus amples confessions. Quel péril craint-elle, que les sages n'auraient su déceler ? « La fin de la guerre est imminente, une nouvelle ère s'en vient.. sors notre nom du sable, Ashîva, avant qu'il ne soit trop tard.. avant que les débris de l'ancien monde ne l'ensevelisse tout à fait.. si tu ne me crois pas.. » À tâtons, sous les reliefs du tartan, la main libre s'en va ramper quelques instants ; dévoile son tarot. « Si tu ne me crois pas, demande-leur.. demande aux astres.. » Et de lui fourrer les cartes aux paluches, qui à leur contact se maculent de sang. « Tu entendras ce que j'ai entendu, moi aussi.. lorsque ma mère est morte.. sors du désert.. pour que ta fille à venir n'ait pas, à son tour, à entendre la prophétie de sa propre fin. »
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